vendredi 29 janvier 2010

Djayson et Brenda : Drame sentimental

Djayson levait les yeux au ciel pour la troisième fois de la soirée. Brenda venait de remettre ça. Après avoir menacé en vain de mettre fin à ses jours en avalant la boîte d'Advil, voilà maintenant qu'elle attrapait le couteau à beurre et le brandissait dans sa direction. Malheureusement sans grande conviction. 

Exaspérée par son air blasé, elle tentait de le faire réagir en prétendant vouloir le tuer.
"Si tu ne peux pas m'aimer, je préfère te voir crever !" 

Pathétique tentation mélodramatique, pour Djayson, affichant ostensiblement sa narquoiserie, tout ceci était une comédie ridicule. 
Brenda, acculée par l'absence de réaction de son particulier partenaire, contrainte à l'abdication, jeta le couteau à beurre et se replia derrière la table en formica. 
Elle aurait voulu pleurer, histoire de marquer le coup mais ça ne venait pas. Ultime ressource, elle se mit à bouder.

De son côté, Djayson, qui ne voyait vraiment pas ce qui valait la peine de jouer une telle scène du 2, continuait de maquiller son visage d'une implacable impassibilité. Il avait pourtant vendu la Ferrari, n'était-ce pas une assez grande preuve d'attachement ? Pourquoi tout ce branle-bas de combat ? Juste pour un "je t'aime". Son incompréhension était totale et en passe de virer au mépris.

Brenda aurait donné ses plus belles robes à strass pour être un peu plus folle. Capable, au moins, de casser le cendrier en cristal. Ou peut-être, de crier un peu plus fort, d'arracher ses vêtements, de griffer son visage, de se jeter sous un train. N'importe quoi qui aurait pu faire comprendre à Djayson la profondeur de son désarroi. Au lieu de ça, elle avait lâché le couteau à beurre et, d'avoir abandonné si vite son entreprise destructrice, n'en devenait aux yeux de Djayson que plus pathétique et méprisable.

De rage, elle sortit de la cuisine, en fermant soigneusement la porte derrière elle. 
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