mardi 19 juillet 2011

addictologie.org

J'ai du mal à respirer quand j'imagine ta vie. Peut-être que je ne m'en fais qu'une idée vague. C'est difficile à dire ce que peut être ton chemin. Tu parles peu.
A quoi tu penses le matin quand tu te regardes dans le miroir ? A quoi tu penses quand tu mens à tes parents ? Quand tu prétends arrêter l'héroïne ? Quand CE mensonge vaut mieux que la vérité ? C'est quoi ta vie ? Dans cet appartement perpétuellement en travaux, jamais fini de nettoyer ? Presque seul. Entouré d'amis sur qui tu ne peux pas compter ? Près de ta famille qui ne t'est d'aucune aide ?
C'est ce que j'imagine pour toi. Et je pleures quand toi tu souris.
Je me demande parfois pour quoi tu vis. Si tu cherches autre chose que le subutex pour te faire aller quelque part. Parfois je ne pense qu'à CA et j'ai l'impression d'étouffer. Et c'est difficile d'accepter de ne rien avoir à faire avec CA. Que je ne sais pas ce qu'est ta vie. Que c'est comme CA.
Mais je ne peux pas penser à autre chose. Toi. Tes potes losers. Et du subutex que vous escroquez aux CSST, à des "soignants" qui ne se font pas prier pour se transformer en dealers.
Qu'est-ce que tu vas faire de toi ? Ca devrait te préoccuper plus que moi. C'est surement le cas. Mais je n'en sais RIEN. Tu planes, tu bades, j'étouffe.

dimanche 3 juillet 2011

H

Saint-Denis, train de banlieue. Ligne H. Le ciel gris me plonge dans cette indétermination d'humeur, quelque part entre le blues et l'espoir de quelque chose. Des oreillettes du MP3 s'écoule sur la même longueur d'ondes un morceau de Metronomy. Je rêve à un type providentiel. Un Charles de Gaulle, un Lionel Jospin1 qui sortirait de l'ombre à l'appel du peuple pour nous sauver de nos luttes sans fin contre la pesanteur du sol social.
Epinay-Villetaneuse. Les lumières clignotent. Le synthé démarre son solo et le train accélère. Un immeuble de vingt étages à moitié effondré laisse à voir l'intérieur d'appartements en lambaux. Un peu plus loin, des enfants jouent au foot. A quoi rêvent les gens ? (Est-ce qu'ils pensent un peu comme moi ?)
Quel avenir nous sera promis au-delà du béton et des fleurs des champ à juvisy, Sarcelles, Maisons-Alfort ?
Il pourrait pleuvoir. Je rentrerai à Paris.


1 Vas-y rigole pas.