dimanche 21 novembre 2010

C'était dans mon bled, là-bas, à la banlieue

Quand j'étais enfant, j'allais à la bibliothèque municipale le samedi après-midi. On nous donnait un sac en plastique jaune pour y mettre les livres qu'on empruntait parce que sinon, nous les gamins, tête en l'air comme était, on les aurait laissé traîné sous la pluie, forcément. J'arrivais donc à la bibliothèque avec mon sac plastique plein des livres à rendre. L'endroit était petit. Le parquet grinçait, l'air était plein de l'odeur des livres et du bois des casiers à fiches. Je tendais les livres à la bibliothécaire qui était une femme à la voix très douce et qui lisait des contes aux petits le mercredi matin. Parfois je m'excusais d'un retard et je craignais une pénalité mais elle ne me grondait jamais. J'allais choisir d'autres romans, des histoires d'amitié comme on en écrit pour les enfants. La bibliothécaire en prenait la fiche qu'elle datait d'un coup de tampon et je partais en murmurant un merci, au revoir.
En sortant de la bibliothèque, je passais devant la salle de danse. Parfois j'entendais la musique du cours qui se déroulait au même moment. J'imaginais de jolies danseuses filiformes de mon âge alignées devant la barre, face au grand miroir, sautillant sur le parquet brillant. Je pensais souvent que ça devait être bien d’être là. D’être une de ces fille-là. Et jamais je n'ai envisagé une seule seconde que ça fut possible.


Edit [22/11/2010] Melle Jones s'est inspirée de ce texte pour cette illustration dans son Tumblr

jeudi 18 novembre 2010

Si jamais tu me cherches sur Twitter

Ben... tu peux arrêter.
Cette nuit j'arrivais pas à dormir, j'ai bien réfléchi, longtemps... Et j'ai tout cassé. J'ai pris mon compte twitter @melle_sarah et j'ai viré tout le monde. Sauf ceux que je connaissais pour de vrai ou ceux pour qui j'avais une affection particulière (probablement perverse), ce ne fut pas sans quelques cas de conscience. J'ai mis ma vraie tête, mon vrai prénom et hop. Voilà, on est entre soi.
J'ai viré le Facebook Mademoiselle Sarah.
J'ai viré les statistiques de mes blogs.
J'ai viré formspring.
Tout ce qui tournait autour des blogs et qui en fait ne servait pas à grand chose à part me faire reluire l'égo.
Voilà. On va pouvoir faire un peu autre chose. Non parce que bon. Hein ?
Dans deux mois j'ai plus d'assédics, il me faut donc un second job NOW. Je vais utiliser un peu de mes ressources intellectuelles dans ce but.
On est pas perdus pour autant. Les commentaires sont ouverts, ici et sur Les Rêveries (dont j'ai modifié l'URL). Mais à partir de maintenant, c'est chacun pour sa peau.

vendredi 12 novembre 2010

Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle se casse

Le chagrin d’amour m’avait fait croire à un mirage. Bercée par la nostalgie, je croyais avoir changé, être redevenue une jeune fille en fleur attendant l’amour. Entre stimulations auto-érotiques et rêves de prince charmant, parfois le soir, je me caressais en pensant à un sourire croisé dans la journée, une main qui avait effleuré mon genou, un regard complice. Ainsi s’écoulaient mes journées. Ayant terminé ma broderie quotidienne, il m’arrivait d’échanger des missives romantiques avec un jeune homme qui me courtisait chastement. Jamais je n’allais plus loin, soucieuse que j’étais de préserver ma vertu.
Et j’en étais fort aise. Car de la sorte je me prouvais que j’étais bien capable de rentrer dans le rang des filles que les garçons épousent et qu’ils font rougir de leurs mots susurrés à l’oreille en dînant aux chandelles.
Je ne tarderais pas à mesurer l’ampleur de mon fourvoiement.
Car il existe des gens qui savent faire sauter d’un doigt les couvercles des boites de Pandore. Et il suffit d’un message laconique “je m’emmerde, on boit un verre ?” pour que la mécanique s'enclenche.
La déconcertante facilité avec laquelle j’ai répondu oui, moi d’ordinaire si circonspecte à l’égard des inconnus aurait du me mettre la puce à l’oreille. Mais j’ai choisi de me voiler la face. Je n’ai pas pris conscience que j’avais déjà commencé à flirter. Sans rien préciser, il m’a amenée chez lui. Je n’ai rien dit. On a discuté comme si de rien n’était. Surtout moi. Et même s’il n’y a pas 50 façons de conclure un visionnage de porno en mixte, je n’ai pas trouvé d’objection à émettre envers la proposition formulée par mon hôte. Si j'avais vu la paille de l'érection dans l'oeil de mon voisin, je n'avais pas encore aperçu la poutre qui pénétrerait bientôt le mien. 
Il y a des garçons qui savent très bien mener à la baguette une fille comme moi. Quand ils disent suces-moi, je me mets à genoux.
Ou comment réduire à néant des mois de travail, et avec jubilation. Parce que j’ai beau essayer d’élargir mon éventail de compétences, il y a peu de choses que je fasses aussi bien que sucer des bites. Y’a pas de sot métier.
Au temps pour le prince charmant.

samedi 6 novembre 2010

I don't belong here

Avec les potes au QG. On fait rien de plus que d'habitude. On se plaint, on raconte des conneries. Rien de très drôle, ni de très intelligent. On fait passer le temps dans la chaleur qu'on crée pour s'entourer. Et quelques bières. 
Mais pour faire la fête ? Je vais danser ! Personne ne veut venir avec moi ? Non ?  
C'était mon grand projet de la soirée j'avoue. Ça n'arrive pas souvent. Pour moi. Aller danser. Bon. Mais j'y vais. J'ai fait en sorte d’être en forme pour ça. Un dernier shot pour assurer la chauffe. J'arrive, au taquet. Je retrouve d'autres copines. La surprise, c'est qu'elles ont ramené leurs mecs... 
Le videur fait le videur. Vous êtes sur la liste ? Bah euh... je sais, pas... surement ouais... peut-être... Y'a une liste ? Bon, on rentre. C'est joli dedans. La musique est cool. C'est parfait pour moi. Mais les potes sont pas super motivés. Je les comprends, l’ambiance est spéciale. C'est plein de gens qui ont mis leurs plus beaux habits de lumière pour sortir. Ils sont tous très hype ces gens. Ils te regardent un peu de travers quand tu danses à ta façon, en mode on-s'en-bat-les-couilles-on-est-là-pour-s'amuser !!!!! Nan... Ils dansent en tous petits pas... Ils se roulent tous des pelles. Merde, je savais pas qu'il fallait ramener son propre pourvoyeur de roulage de pelles. Les gars sont tous en main ou ont l'air tellement méprisants que t'as même pas envie de leur faire un sourire complice.
Donc, bon, j'aurais fait avec moi, mais les potes ça les refroidit. On se casse donc. Mieux vaut aller faire autre chose que laisser la soirée s'étioler dans la déprime et la haine des autres. Juste parce qu'ils se la pètent un peu... Ok. Bah je vais retrouver les potes du QG...
Au QG c'est la fermeture... les mines sont défaites, y'a des gars relous qui tiennent à peine debout et qui me draguent en... mode... relou. 
Ok, c'est pas grave. J'ai un mojo d'enfer, je pourrais danser toute la nuit, on fait quoi les gars ???? 
On va au.... ?? Ah. Ouais, ce pub à la con donc, où on passe du Britney Spears et de la dance de galérien. Je m'en fous, j'ai un mojo d'enfer, je m'amuserais d'un rien.... 
Y'a les potes qui traînent derrière, à moitié déprimés... ceux qui courent devant, comme si on n'était pas là, nous. Déjà, ils me pourrissent la vibe. 
Le videur débile à l'entrée, j'ai déjà envie de me foutre de sa gueule. Mais je le soupçonne de manquer de sens de l'humour. C'est la deuxième vodka-Redbull de la soirée. 10€ chaque. C'est un petit budget... Surtout si on ajoute ça au reste de la consommation de la soirée. 
Bon, on est là pour quoi en fait ? C'est comment qu'on s'amuse ici ? "Ben... des fois on danse et les mecs s'emmerdent...." Ha. Super. Bon, je vais fumer une clope et voir comment envisager le reste de la soirée. 
On ne s'assoit pas ici ! C'est pour fumer. Ça c'est le videur-130-de-QI qui s'adresse à moi. Ah ? On n'a pas le droit de s'asseoir sur les chaises ? Les chaises qui sont là et qui... ne servent... à rien... Bon. Allez. Voilà, tu as fait pencher la balance mec, je me casse. 
On fait quoi ici ? 
On est là pour quoi ? C'est comment qu'on s'amuse ? 
J'ai pas trouvé. 
Je suis rentrée. Et je ne sais plus qui sont mes potes. Et je ne sais plus comment c'est qu'on s'amuse.