samedi 8 février 2014

Madison et Christopher

Madison et Christopher organisaient ce soir leur première réception dans leur nouveau loft. Quelle délicieuse idée d'avoir déménagé en province, les loyers y étaient très raisonnables. Pour le prix d'un studio parisien, on profitait d'une belle surface et en prime une terrasse abritée pour les grillades en été. N'était-ce pas ce dont ils avaient toujours rêvé ? Tous leurs amis avaient répondu présent. 
Madison avait mis les petits plats dans les grands et même Christopher avait fait un effort pour l'occasion en enfilant une chemise propre. Tout était parfait, à l'image de leur amour. 
Si parfait que ce n'est qu'après avoir vidé la dernière bouteille de champagne au goulot que Madison réalisa qu'elle n'avait plus aperçu son fiancé depuis déjà plusieurs heures. Elle s'enquit de lui auprès d'un de ses amis qui déclara, en refermant sa braguette, qu'il était parti en ville, voir le match avec de vieux camarades de collège. Dépitée, elle essuya le sperme au coin de sa bouche et partit rectifier son maquillage dans la salle de bain, à la lueur d'une bougie, puisque Christopher n'avait toujours pas réparé ces putain de spots. 

Rancoeur.

Je te souhaite de rencontrer quelqu'un qui te rende malheureux.
Je te souhaite de rencontrer une fille qui t'enlève ce que tu as de plus précieux et qui te rie au nez.
Je te souhaite de sacrifier ta vie pour une promesse non tenue.
Je te souhaite de quitter tes attaches pour rien.
Je te souhaite de te jeter hors ta vie pour quelqu'un qui piétinera ton bonheur.
Je te souhaite de n'exister pour personne, de te vider de ta vie, d'être ignoré dans ce que tu as de plus subjectif.

Je te souhaite, un jour, de tomber amoureux.

jeudi 6 février 2014

F(e)in(t)

C'est une drôle de sensation d'avoir été ainsi délaissée. Vivre avec un étranger, un fantôme, un reclus. Un amour qui vous fuit, vous évite, vous ignore. 
Je me sens comme une plage désertée, d'où la mer s'est retirée, d'où toute vie s'est dissipée. Et j'ai soif. D'une main chaude qui me touche, d'un sourire qui m'éclaire. 
J'ai fini par arrêter de faire des scènes, essayé de vivre en autarcie, de ne plus avoir besoin de lui. Mais il est là. Chaque jour je l'indiffère, parfois je l'insupporte. Je suis là et je le vois s'éloigner inexorablement sans plus savoir quoi faire pour le retenir, lui donner envie, de m'aimer encore. 
Je ne peux plus avoir besoin de lui, avoir confiance en lui et ma vie avec lui est devenue une déception sans fin où je l'attends mais il ne vient jamais. Et pourtant je ne me lasse pas de le demander. Encore et encore il se refuse sans que je comprenne. Que c'est terminé, qu'il n'y a plus rien à attendre, qu'il ne viendra plus. Que j'ai beau le croiser chaque jour, il est parti pour toujours. 
Et enfin ce vide en moi, cette faim insatiable prend un nom. Le désamour. Et mon désespoir ne semble pas avoir de fond.