mardi 18 août 2009

Portrait : Une journée imaginaire de Pierre

Pierre se réveille de mauvaise humeur. Il allume la radio, écoute les infos. Au lit dans son pyjama rayé, il caresse son chat.
La lumière perce à travers les rideaux et laisse deviner une journée ensoleillée.
Pierre pense à ce qu'il pourrait faire, à ce qu'il devrait faire, à ce qu'il ne va pas faire.
Pierre reste allongé. Il écoute la radio. Il caresse son chat. Il ferme les yeux.

Il chasse les pensées qui traversent sa tête une à une : cette fille l'autre jour. Ses yeux, ses fesses, son rire... Son père. Sa thèse.
Il se lève.

Pierre se prépare un café et fume une cigarette.
Il pense à ce qu'il devrait faire. A ce qu'il ne va pas faire. A ce qu'il pourrait faire.
Pierre est de mauvais humeur. Il en veut à la fille. Il en veut à son père. Il en veut à sa mère. Il s'en veut à lui-même.
Il a hâte que cette journée se transforme en soirée. Il a hâte que ses pensées se transforment en gaité.
Faire passer cette journée.
Faire semblant de travailler.
Caresser le chat. Penser à la fille. Autre chose, autre chose.

Devant l'ordinateur, Pierre pense qu'il devrait écrire pour sa thèse.
Il se promène sur internet. Laisse des messages à ses amis : "Qu'est-ce que tu fais ce soir ?"
Il s'énerve contre Laurent. Il s'énerve contre Paul. Il en veut à son père. Il en veut à sa mère.
"Qu'est-ce que tu fais ce soir ?" "Qu'est-ce que tu fais ce soir ?"
Et sa mauvais humeur se transforme en expectative.
Onglets : Firefox - Firefox - Firefox - Word
Fermer.
Prendre une douche. S'habiller. Sortir. Claquer la porte.
Dehors.

Pierre se promène, il se dirige vers le parc et repère sur le chemin des endroits à photographier.
Ce terrain vague qui est là depuis des mois.
Il se promène comme si son esprit était léger. Il fait semblant de ne pas être préoccupé.
Étudiant en thèse. C'est la belle vie. Du temps pour soi. Du temps pour quoi ?
Comme si ces années de travail ne pesaient pas sur lui. Ces centaines de pages qu'il n'a pas écrites sont entassées en boule dans un coin de son cerveau. Il n'y pense pas. Il n'y pense pas.
Il n'y pense pas. Il pense à la fille. Il pense à ce soir.
Il sourit.

La possibilité de l'échec ?
Boire une bière.
La possibilité de l'échec ?
Sourire à la fille.
La possibilité de l'échec.
Sortir. Sortir. Sortir.
Echouer ?
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