mardi 27 juillet 2010

On dirait qu'ils n'ont peur que de leur ombre

Il y a des gens qui se laissent tomber. Comme s'ils n'allaient jamais atterrir. Comme si l'impact était pour dans si longtemps que ça n'avait pas d'importance. Parce que dans l'intervalle ils auraient pris tellement de drogues, tellement d'alcool, tellement de coups durs de la vie en pleine figure que plus rien ne comptera.
Ces gens-là me font peur. Je les regarde de loin car je ne sais pas leur parler.
Peut-être que toi tu mets la limite de tes conneries à une gueule de bois le week-end. Peut-être que ta limite c'est d'être capable d'aller bosser le matin. Ou de ne jamais être à découvert, ou de toujours payer ton loyer en temps et en heures, quitte à manger des pâtes tout le reste du mois. Peut-être que tu ne prends jamais de drogue dure. Que tu ne baises jamais sans capote.
Je connais des gens. On dirait que la limite c'est toujours pour après. Demain.
Ils ne se demandent jamais comment ils vont payer leurs impôts, leur loyer, comment ils vont soigner leur jambe cassée, comment ils vont réussir à bosser avec deux heures de sommeil. Ils pensent seulement à quand ils auront leur ligne de coke, où ils boiront leur prochaine pinte, à qui sera la prochaine bouche dans laquelle ils glisseront leur queue.
Ces gens-là me font peur. Ils jouent leur vie comme si tout était égal. Comme s'ils étaient déjà morts. Et je les regarde de loin. Et très souvent, quand personne ne leur parle, quand leur attention n'est pas captée par une lumière, un son, n'importe quoi qui les stimule, c'est la terreur et la mort qui habite leur regard. Ils me font peur ces gens-là. Parce que je me dis, à force de les apercevoir, de loin toujours, qu'il faut avoir vraiment très peur pour courir aussi vite.
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