Dans la drague je suis excellemment maladroite, on l'aura noté.
Je parle de drague mais je n'ai pas vraiment de but fixé dans ce domaine en ce moment. En effet, ma relation avec UGTS est décédée et le deuil est en marche. Or, je ne sais pas s'il existe une courbe du deuil de l'amour mais j'en suis présentement à une phase que je peux identifier pour l'avoir déjà vécue : les garçons sont tous sans intérêt, tous moins bien que LUI. Loin de moi donc, l'envie d'aller batifoler dans des draps inconnus en éparpillant des petites culottes aux quatre coins de Paris.
Le contexte étant précisé, il m'arrive malgré tout de côtoyer des garçons exerçant un attrait de qualité variable sur ma personne et susceptibles de réactiver ma failitude légendaire en matière de drague. Ceci donnant lieu à des scènes plus ou moins cocasses et/ou pathétiques dont je me morfonds souvent encore des mois plus tard.
Et force est de constater que dans ce domaine, je ne progresse pas d'un poil.
Il y a quelques mois, j'ai eu dans ce domaine, la chance de me ridiculiser en public au milieu de la fête d'anniversaire d'Eve Rock'n Roll la bien nommée.
Après avoir été brillamment maquillée par Nahimage et chauffée à blanc par les regards plein d'étoiles de La Peste et Melle Jones, moulée dans ma plus jolie robe spéciale mate-mon-cul-et-mes-hanches-de-reproductrice-médaille-d'or, une bière à la main, j'ai commencé à observer alentour les visages avenants des invités du sexe opposé, en quête de... je ne sais quoi... mais sur un fond de lubricité probablement.
D'un regard circulaire, mes congénères susnommées et moi décidons de décerner la médaille de la sexytude à un homme à dreadlocks assis nonchalamment sur un fauteuil Emmanuelle, le regard sombre, le torse viril, le bras musclé... Cette éprouvante délibération effectuée, nous nous laissons aller au bitchage intensif en petit comité sur le balcon. Quelques temps plus tard... alors que je rentre dans le salon ouvrir ma 37ème bière, l'homme viril en question s'approche de moi et m'aborde sous un prétexte quelconque et les regards des trois grognasses juste derrière lui, derrière la vitre se tournent presque instantanément vers moi, rapidement suivis de signes d'encouragement et de liesse qui me font perdre le peu de self-contrôle qu'il me restait.
Mon narcissisme est à ce moment tellement boursouflé que j'en oublie que la partie n'est pas gagnée et que l'essai demande à être transformé. Aussi, quand l'homme viril, engageant la conversation, me demande quelles sont mes passions, sous la pression, la première idée qui me vient est... le porno.
Ouais.
Son visage se fige. Je commence à paniquer. Et plutôt que de dévier la conversation sur un terrain plus avantageux (ou au moins plus neutre), je décide d'enfoncer le clou en lui décrivant par le menu tout ce qui m'intéresse là-dedans, en m'étendant largement sur la poésie des pratiques SM (tant qu'à faire). Son visage se décompose à mesure que j'avance dans mon exposé et quand j'arrive à court de mots, lui exprime subitement l'envie irrépressible d'aller faire un autre truc, là-bas, loin.
Sur le balcon, les questions pressentes des blogo-pouffiasses de service se transforment rapidement en hilarité et soupirs consternés.
Quelle est la leçon à tirer de cette histoire (et des milliers d'autres semblables que je pourrais relater avec la même virtuosité) ?
Je suis un jeune adolescent boutonneux en pleine montée d'hormone.
Je ne vois pas d'autre explication. Dès que le moindre désir de rapprochement avec le sexe opposé émerge dans mon cerveau ravagé par la puberté, des phrases pleines de bite/baiser/sodomie/éjac faciale sortent de ma bouche sans le moindre contrôle, au grand désarroi de mes interlocuteurs. Et à ma grande honte.
C'est un genre de syndrome de la Tourette peut-être... Il n'est pas nécessaire, loin de là, que j'ai effectivement envie d'avoir des relations sexuelles avec un garçon pour que je me vautre dans la drague. Le moindre début d'idée d'un truc qui, une chose en entraînant une autre, pourrait aboutir à un rapprochement physique me pousse à le verbaliser, de préférence de manière très directe et vulgaire, comme une sorte de conjuration obscure, fermant la porte à toute possibilité d'ouverture en termes de séduction ou tout simplement de relation humaine.
Comme hier soir, lorsque rentrant chez moi passablement ivre, j'ai trouvé pertinent d'envoyer un DM à base de proposition explicite à un de mes contacts qui avait éveillé ma curiosité par le passé. Cette expérience me conduisant à observer que l'équivalent "virtuel" à regard-consterné+prétexte-fallacieux-pour-aller-faire-autre-chose-loin était : l'absence de réponse.
A quelque chose malheur est bon.